Fabrication de l'éventail

Fabrication de l’éventail

Ci-après les différents matériaux utilisés par le tabletier pour les montures de l’éventail :

Le bois :
il peut être divisé en « bois indigène » (poirier, pommier, alisier, acacia, merisier, platane, marronnier …) et les « bois exotique » (macassar, palissandre, ébène, bois de rose …).

La nacre :
a une grande variété de provenances.
Les nacres pour éventails sont essentiellement la nacre blanche de Sydney, la nacre noire de Tahiti, la nacre « Orient », le burgau irisé vert et rose, le goldfish du Japon qui connut un succès grandissant à partir de 1875.
Les nacres recueillies sur la plage sont les moins belles car elles ont perdu une partie de leur orient; on les dit « lunées ».
Les brins de nacre demandent un soin extrême dans leur assortiment, le façonneur doit choisir les teintes les plus rouges pour le milieu, puis établir un dégradé subtil vers l’extérieur.

L’écaille :
est donnée par des tortues marines dont chaque carapace fournit trois grandes plaques et vingt-six plus petites, appelées « éclons », détachées à la chaleur dans des fours alimentés au sapin ou au hêtre pour un chauffage uniforme permettant de ne pas roussir la matière.
Elles sont ensuite travaillées par deux ou trois et collées. Il faut prendre de grandes précautions afin qu’elles ne soient pas tachées.
L’écaille peut être noire, jaspée ou blonde, cette dernière étant la plus appréciée.

L’ivoire :
en provenance de l’Inde ou d’Afrique, se dénomme alors « ivoire vert », car il est légèrement translucide et a gardé sa sève.
Rappelons qu’aujourd’hui, son utilisation est très réglementée et se limite généralement à l’utilisation des stocks déjà existants.

La corne :
de vache refendue, ouverte à la serpette, qui est chauffée à l’eau bouillante et aplatie à la presse. Elle était expédiée ainsi et demeurait l’activité de certaines maisons des Halles ou des Abattoirs de Paris. La corne la plus appréciée est la corne blonde, claire, venue d’Irlande.

L’os :
expédié des grandes villes comme Paris ou des ports comme Bordeaux, Marseille, Dieppe, Le Havre, qui les reçoivent des grands pays d’élevage de l’Amérique du Sud, comme l’Argentine. Suivant la qualité de l’os, la finesse de ses rainures, il sera destiné à une monture commune ou à un travail raffiné.

A noter : galalithe (attesté 1907, de gala et suff-lithe). Nom déposé du premier produit plastique obtenu en 1879 par le traitement au formol de la caséine pure. (Nombreuses imitations de l’écaille).

 

La technique de réalisation d’une monture

Comment est réalisée la monture d’un éventail ?

Tout d’abord, le patron est la base du travail de la monture. Il est élaboré une fois le projet de monture dessiné.

Le débitage se fait à la main avec l’arçon ou scie à débiter, mais aussi à la scie mécanique qui donne un travail moins soigné et qui n’est utilisé que pour les montures de bois bon marché.

L’ébauchage s’exécute avec des « écoannettes », le façonnage avec la « Marie-Jeanne« , sorte de grosse grêle. La difficulté du façonneur est l’exiguïté de certains matériaux qui ne peuvent être travaillés en plusieurs morceaux. Les ébauches du façonneur sont prises dans un étau pivotant lui permettant de voir la pièce sous tous ses aspects. Les limes modèlent la monture, le ratissage exécuté avec des couteaux à ratisser enlève les traits mais n’est utilisé que pour certaines matières.

Puis, vient le collage des « bouts » et le polissage à la brosse dure ou brosse en chiendent. Ce polissage s’effectue sur la corne avec la pâte à polir et du suif, et sur le bois, l’os, l’ivoire, la nacre, avec la brosse dure et à l’huile de lin. Le papier de verre peut être utilisé pour le bois. Ainsi, le bon façonneur se juge sur un panache où toutes les parties sont « perdues » au toucher, à la pureté des angles et des moulures, lorsque la monture ne semble faite que d’une seule pièce.

Le débitage et le façonnage sont effectués par les hommes, le collage et le polissage par les femmes.

Le reperçage se fait à la « scie à découper« ou à repercer, et les différentes tailles selon les trous. Le patron portant le dessin que l’on désire obtenir est posé sur le panache ou le brin. A chaque « jour« , il faut percer un trou dans lequel sera introduite la lame de la scie qui suit le motif à exécuter. Certains panaches comptent jusqu’à deux milles trous.

La gravure et la sculpture, le graveur réalise son motif gravé sur la monture avant de le donner à la doreuse, mais si la monture doit être sculptée, elle passe tout d’abord dans les mains du sculpteur.

La finition, l’embellissement final peut être l’œuvre de la doreuse et de la pailleteuse.
La monture gravée est ensuite enduite de gouache blanche ou « assiette » qui constitue le fond et donne l’opacité, le décor n’est réalisé qu’ensuite.
Il peut y avoir sur certaines montures des opérations de burgautage, qui consistent en l’application de très fines lamelles de nacre burgau transparente, derrière la sculpture d’un brin. Si la dorure se fait à la feuille d’or ou de cuivre, nommée alors « papillon« , un petit ou « boesse » sert à l’appliquer dans les rainures effectuées par la gravure.
La dorure peut être directement posée au pinceau, mais elle est ensuite vernie.
Les meilleures ouvrières travaillaient sur la corne qui est la matière la plus difficile à traiter.

La rivure réunit les brins et le panache, elle est constituée d’une tige cloutée ou vissée et de deux « yeux ». Le bijoutier peut sertir une pierre dans l’œil de la rivure.

La feuille

La feuille, qui habille la partie haute de la monture, était décorée et montée par les éventaillistes Parisiens, également chargés de la vente.