Histoire de l'éventail

Histoire de l’éventail

Nous pouvons faire remonter les origines de l’éventail à l’Antiquité.

En Egypte comme en Chine, en Grèce ou en Inde, les premiers éventails se présentaient sous forme d’écrans, c’est à dire qu’ils ne pouvaient être ployés.

L’utilisation de cet objet va se répandre au Japon par l’intermédiaire de la Corée.
Les Japonais inventeront au VIIème siècle de l’ère chrétienne l’éventail plié, le « sensu » : conçu par un artisan en regardant les ailes d’une chauve-souris qui se ployaient et se déployaient.

Au Moyen Age, on parlera d’ « esmouchoir » composé d’un manche et de longs fils de crin.
En Extrême-Orient, c’est la Chine qui possède à ce jour le plus ancien exemple d’éventail connu, (VIIème siècle avant JC). Il s’agissait ici encore d’un éventail écran. Ce n’est que bien plus tard qu’ils inventeront l’éventail dit « brisé » c’est-à-dire composé de lamelles rattachées par un ruban.

A partir de 1540, les Portugais, rentrant du Japon, vont répandre l’éventail en Europe à partir du marché de gros de Lisbonne. L’Italie adhérera immédiatement à cette nouvelle forme d’éventail.
Catherine de Médicis mit en vogue à la Cour de France les éventails italiens, que l’on connaissait déjà depuis la campagne de Louis XII, ils étaient fabriqués et mis en vente par ses parfumeurs.

Henri III (1551-1574-1589) portera lui aussi ce goût en France. Mais ce n’est que vers 1600, lors du mariage de Marie de Médicis (1573-1642) avec Henri IV que la mode s’imposera.
C’est Brantôme dans « la vie des dames galantes » qui donnera le nom d’éventail.

Sous Louis XIV, sur l’initiative de Colbert, fut instituée la corporation des éventaillistes, le 15 février 1678.
Etaient éventaillistes ceux qui pliaient et montaient les feuilles, les tabletiers quant à eux réalisaient les montures dans l’Oise.

En 1685, la révocation de l’Edit de Nantes chassa les protestants de France, les éventaillistes se réfugièrent à Londres ou en Espagne.
Le premier quart du XVIIIème siècle gardera le goût des petits éventails brisés d’influence chinoise, puis les éventails pliés gagneront les faveurs de la cour.
Au milieu XVIIIème, apparaît la production manufacturée pour répondre à une nouvelle mode suscitée par les corbeilles de mariage.

En 1760, Martin Petit invente un système de moule à plisser qui facilitera la production de masse.
Fin XVIIIème, certains éventails seront produits en série, imprimés et rehaussés au pochoir.
Ce premier âge d’or de l’éventail prendra fin à la période révolutionnaire qui portera un préjudice considérable à cette industrie.
Les robes légères et près du corps du Directoire puis du Consulat et de l’Empire, vont ralentir l’usage de l’éventail. Cependant la mode néoclassique voit naître de ravissants petits éventails de tulle pailleté.

L’architecture gothique sous la Restauration amènera un nouveau style et relancera le goût des petits éventails brisés qui avaient été en vogue au XVIIème siècle. L’utilisation de fort belles copies d’anciens des deux derniers siècles reviendra également à la mode, notamment grâce au procédé de la chromolithographie inventée en 1839, et permettra une multiplication d’un même dessin. Une fois encore, la révolution de 1848 manquera d’anéantir l’industrie de l’éventail, mais les commandes pour l’exportation permettront de sauver le marché.

Durant le XIXème siècle, la France est le seul pays producteur en Occident et différencie ses styles en fonction des pays destinataires. Des grands noms marqueront la production d’éventails de ce siècle : Alexandre, Duvelleroy, Kees, ….

La fabrication espagnole, qui avait été négligée par la haute société durant le XVIIIème siècle, se développe dès 1830. Valence est alors le centre incontesté de cette industrie en Espagne.

Contrairement au XVIIIème où la peinture de feuilles d’éventails était considérée comme un art mineur ne méritant pas d’être signé, au XIXème siècle de grands noms s’illustreront tels Edouard Manet, Renoir (qui peignit des miniatures sur éventails), Pissaro (qui réalisa 72 projets d’éventails), Paul Gauguin (26), ou les Nabis comme Maurice Denis entre autres.
La fin du XIXème voit se développer le marché publicitaire et des éventails cotillons en très grande série.

Début XXème, les éventails de plumes occupent un temps le devant de la scène, ainsi que de très belles feuilles peintes sur soie d’inspiration Art Nouveau puis Art Déco.
Cependant, la première Guerre Mondiale, puis la seconde, mettront la fin du règne de l’éventail pour des raisons économiques et des changements de mode.

L’Espagne et l’Orient sont les seuls grands producteurs actuellement qui produisent des éventails en grande quantité et à des prix dérisoires.

Aujourd’hui, la Haute Couture remet en scène l’éventail.
En France, l’Atelier Anne HOGUET est le dernier spécialiste qui conçoit et restaure les éventails dans les règles de l’art.